La psychanalyse, un « sport de combat »
Dans un monde en pleine mutation qui tend à faire du passé un réceptacle informe et sans densité, des rêves une anecdote, à rejeter toute forme de controverse, rendre normal “l'innommable” pour reprendre l'expression de Beckett (“Big Brother's watching you” dans 1984 de Georges Orwell), l'utilisation des mots à des fins manipulatoires (Clément Viktorovitch, Le pouvoir rhétorique), le recours quasi systématique à un mécanisme de défense largement étudié par Anna Freud, le déni, à une simplification de la pensée qui se résume souvent à un jugement, là ou Gori définit la pensée comme “le prolongement du dialogue avec l'autre”, la psychanalyse telle que nous l'appréhendons est, comme le note Jean-Pierre Winter, “un sport de combat”.
A côté et probablement en réponse à cette injonction contemporaine de suivre le troupeau dont parlait Kant dans “Qu'est-ce que les lumières”, des pépites issues de la culture au sens large. “Emilia Perez” de Jacques Audiard, un recueil sorti cet été :“Les plus belles lettres d'amour” (Le Point), le hors-série du Monde, “Sigmund Freud, La révolution de l'intime”, l'exposition Miro à Grenoble, l'exposition Matisse à la fondation Louis Vuitton, le Surréalisme au centre Pompidou… et nos cours de psychanalyse 😉. Ils seront au coeur de notre projet de placer la psychanalyse au carrefour des champs culturels, tels que la littérature, la philosophie, la sociologie, le cinéma, l'art et également les neurosciences, la psychiatrie, la médecine… Ils offriront (séminaires du samedi) une large part à la clinique contemporaine lors des ateliers lyonnais mensuels qui interrogent aussi la génèse des névroses et psychoses actuelles dont notre société jouit.
J'aimerais qu'on réfléchisse ensemble, lors de nos rencontres du mardi soir, aux lettres de Freud, véritables documents d'une qualité littéraire exceptionnelle. Elles sont aussi importantes que ses écrits pour comprendre la genèse et l'évolution de sa pensée. On évalue à quinze mille le nombre de lettres écrites par lui : cinq mille ont été perdues et plus de trois mille ont déjà été publiées ou sont en cours de traduction dans plusieurs langues.